Madame, Monsieur,
l'organisation que nous avions adoptée le 14 mai dernier était valable jusqu'à ce week-end. Nous allons être contraints de tout remettre à zéro, ce qui signifie clairement que certains enfants qui furent accueillis en mai ne pourront pas l'être en juin. J'en suis désolé, mais il va nous falloir jongler. Sur les vingt enfants présents la moitié étaient des enfants de personnels prioritaires.
M. le Premier Ministre a annoncé que les mesures de chômage partiel qui avaient cours jusqu'à présent seront prolongées pour les familles dont les enfants ne pourront pas être accueillis à l'école. C'est une maigre consolation, je le sais, mais c'est mieux que rien. Je serai donc à votre disposition pour vous faire parvenir par courriel le certificat dont vous aurez éventuellement besoin pour faire valoir vos droits auprès de votre employeur.
L'organisation de l'école maternelle est pour l'instant suspendue au protocole sanitaire en vigueur. M. le Premier Ministre et M. le Ministre de l'Education nationale doivent parler jeudi et vendredi, mais je ne crois aucunement à un allègement du protocole. Néanmoins toute l'organisation dépendra de ce qui nous sera annoncé dans les jours à venir.
En raison de ce protocole nous ne pouvons accueillir
pour l'instant à l'école que vingt enfants.
Un certain nombre de familles sont prioritaires : personnels soignants et de l'aide à l'enfance, forces de l'ordre, enseignants qui eux-mêmes ont charge de classe, personnels territoriaux indispensables dans les écoles...
Sur la maternelle cela représente une trentaine d'enfants. Je ne pourrai pas tous les prendre ! Si le protocole sanitaire ne change pas, même au sein du groupe des familles prioritaires je serai contraint de faire un choix. Il faut comprendre qu'actuellement les conditions sont drastiques : distances de sécurité en classe ou en récréation mais aussi à la "cantine", une toilette sur deux condamnée et même chose pour les robinets, accompagnement individuel des élèves... et un encadrement à la mesure, sur le temps de classe comme sur les temps périscolaires. Ce protocole est une contrainte que nous devons absolument respecter pour la sécurité de vos enfants mais aussi des adultes, qu'il s'agisse des parents ou des enseignants ou des personnels communaux.
Quel que soit votre souhait il ne sera pas forcément satisfait ! Si vous avez la possibilité de garder votre enfant à la maison ou de le faire garder, même si votre profession est prioritaire, il vaut mieux pour vous privilégier cette solution ou au moins la préparer. Je le rappelle, nous n'avons - sauf changement auquel je ne crois guère - que 20 places pour 86 élèves. Je suis navré d'écrire cela, mais je veux que vous compreniez clairement la situation. malgré tous les efforts que nous pouvons faire et malgré tous les efforts que peut faire la municipalité dont déjà tout le personnel disponible est sur le pont.
Comme en élémentaire nous pourrions envisager une fréquentation à mi-temps, ou une semaine sur deux, ou... Tout est possible, mais tout dépend du sort qui va nous être réservé et d'une improbable évolution du protocole sanitaire. Quoi qu'il advienne, vous serez prévenus sur le blog, ou par courriel individuel si votre enfant peut être accueilli, ou par courriel aussi si un changement majeur intervient soit dans les jours à venir soit au cours du mois de juin. Si vous ne recevez rien - vérifiez votre dossier de "spam" - c'est que nous ne pourrons pas avoir votre enfant avec nous.
Pour votre travail et votre emploi, je ne pourrai faire que ce qui m'est possible, soit une attestation. Pour votre enfant en revanche je veux vous rassurer : à cet âge leur résilience est phénoménale; certes ils se souviendront pour les plus grands de cette période étrange, mais ils sauront s'en arranger si VOUS adultes vous savez en faire façon. Et pour ce qui concerne les apprentissages, leurs capacités d'emmagasiner et de comprendre est ahurissante entre trois et six ans. Non, ils n'auront aucun "retard", contrairement à ce que vous pourriez lire dans les médias, parce que la rentrée de septembre 2020 se fera en fonction du vécu de cette fin d'année scolaire. Beaucoup veulent vous faire peur parce que c'est leur fond de commerce, n'en croyez rien, faites confiance à votre enfant, faites confiance aux enseignants, faites confiance à vos élus municipaux, pour que cette crise inédite que nous vivons ne reste qu'une péripétie. Certes elle est difficile à vivre, elle est compliquée à gérer, mais chacun d'entre nous doit faire au mieux ou au moins mal, je crois. C'est du moins ce que j'essaye de faire pour vous, malgré les difficultés et malgré ma peine de ne pouvoir faire plus.
Pascal Oudot
